Introduction
Le jeu de rôle est une activité riche, passionnante et accessible à tous. C’est un océan de jeux très variés : on peut jouer aux jeux de rôle quelques soit ses goûts, son âge et son temps disponible. Selon moi, l’important avec le jeu de rôle ce ne sont pas les règles, le nombre de joueurs, la taille de la boîte du jeu ou le prix : l’important c’est de vouloir passer un bon moment en faisant semblant, en participant à une aventure et en incarnant des personnages.
Dans cet océan de jeux, il y a quelques archipels peu connus. Des jeux qui se jouent différemment des autres. J’avais envie depuis quelques temps de parler de ces jeux qu’on appelle les « jeux de rôle sans meneur de jeu », « jeux de rôle tous meneurs de jeu » ou encore parfois « c’est même pas du jeu de rôle » 🙂
L’univers des jeux de rôle est passionnant. La créativité des rôlistes, leur envie de partager avec les autres : c’est ce qui me fait aimer ce loisir. Il y a énormément de générosité et de diversité. Du coup, je me suis dit que je pourrai peut-être mouiller l’ancre un instant et prendre le temps d’en parler.
Rien d’exceptionnel : moi je ne suis qu’un simple rôliste qui a découvert ces jeux un peu par hasard et je me suis pris d’une passion pour cette forme particulière des jeux de rôle “sans meneur de jeu”. Je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de présenter dans le détail sur ce que sont ces jeux – leur histoire, leurs caractéristiques, quels jeux pour débuter, etc… Et si au passage cela intéresse quelques lecteurs et que cela leur permet de découvrir par eux-mêmes ces jeux, de s’amuser avec, ce serait déjà bien !
Cet article est publié en 3 parties.
- Qu’est-ce que le jeu de rôle sans meneur ? le texte que vous avez sous les yeux
- L’histoire des jeux de rôle sans meneur de 1970 à nos jours
- Questions de rôlistes
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Les jeux de rôle sans meneur ne lavent pas plus blanc
Autant désamorcer tout de suite une polémique que je trouve vaine : je n’opposerai jamais les qualités des jeux sans meneur à celles des jeux avec meneur. Dire que les uns sont meilleurs ou moins bons que les autres est complètement faux. Jouer avec meneur ou sans meneur sont des plaisirs complémentaires : on peut aimer l’un, ou l’autre ou les deux. J’aime toutes les formes et tous les styles de jeux de rôle. Je n’ai donc pas envie ici de faire de comparaison.
Ça va sans doute mieux en le rappelant ainsi : rappelez-vous que personne n’a le pouvoir de dicter la façon dont vous pratiquez le jeu de rôle ou comment vous vous amusez. L’important est de trouver les jeux qui conviennent le mieux à vous et à vos amis.
Pour moi il n’y a pas de « vrais jeux de rôle » opposés à de « faux jeux de rôle ». Depuis 50 ans les joueurs ont inventé de nombreuses façons de s’amuser. La forme actuelle de ce qu’on appelle “sans meneur” a une histoire aussi vieille que le jeu de rôle (et même un peu plus vieille que l’appellation « jeu de rôle »).
Et si aujourd’hui les jeux sans meneur de jeu sont plus connus et plus publiés qu’avant, cela ne signifie pas que la façon d’y jouer soit meilleure ou nouvelle.
Avant de commencer …
Cet article est un texte évolutif. Cela signifie qu’il sera mis à jour régulièrement et qu’il sera accompagné de notes pour indiquer les modifications futures. Mes connaissances sont limitées et au fur et à mesure que j’apprendrai, je modifierai, j’affinerai et ajouterai des éléments à ce texte.
Cher lecteur, si vous voyez des imprécisions ou un moyen d’améliorer cet article, n’hésitez pas à me le signaler sur twitter ou dans les commentaires.
Qu’est-ce que le jeu de rôle sans meneur ?
Jouer sans meneur de jeu, c’est jouer à un jeu de rôle dans lequel il n’y a pas de Meneur de Jeu (MJ) unique et permanent. Il n’y a plus un seul participant chargé de préparer et de faire réagir l’univers du jeu suite aux décisions des joueurs pendant la partie.
Les jeux de rôle sans meneur sont prévus comme ça. IIs ne sont pas différents des autres jeux de rôle. Il n’y a juste plus une seule personne pour faire avancer l’histoire et pour faire réagir l’univers. Les joueurs continuent à incarner des personnages et à prendre des décisions pour eux. Simplement le déroulement de la partie va changer.
Comment cela se passe dans un jeu de rôle avec un meneur ?
Forcément je vais faire des généralités pour présenter le principe. Avec une grosse maille, on pourrait dire que l’énorme majorité des jeux de rôle se déroulent ainsi : le MJ propose un univers et un scénario aux autres joueurs dans lequel il est l’arbitre. Guidé par les actions et les décisions des autres joueurs, le MJ va animer la partie pour leur faire vivre une aventure passionnante. À tout moment, les autres joueurs savent que le MJ est là pour répondre à la question « Que va-t-il se passer après ? ».
Le déroulement de la partie est un échange qui part du MJ vers les joueurs en va et vient. Les joueurs incarnent les personnages au centre de l’aventure et les font réagir. Ils répondent à la situation présentée par le MJ, qui à son tour va prendre en compte ces réactions pour faire avancer l’histoire.
Si je voulais schématiser énormément (mais alors vraiment) ce qui se passe lors d’une partie de jeu de rôle, je dirai que c’est un échange : le MJ met en place des situations >> les joueurs réagissent >> le MJ modifie la situation en fonction >> etc… Ça a l’air complètement mécanique dit comme ça, mais bien entendu dans les faits c’est fluide, fun, beaucoup plus varié et riche que ça.
Sommaire
- Qu’est-ce que le jeu de rôle sans meneur?
- Comment avoir une histoire cohérente?
- Pourquoi jouer sans meneur?
- Est-ce plus compliqué de jouer à un jeu sans meneur?
- Quels sont les jeux avec lesquels commencer?
- Où trouver ces jeux de rôle?
- Quelles sont leurs limites?
Vous vous en doutez : si on enlève le rôle d’un MJ unique et permanent à la table, c’est donc que le déroulement de la partie va être différent. Les joueurs vont gérer cet échange différemment.
Comment se passe une partie d’un jeu de rôle sans meneur ?
Si un des participant n’a pas le rôle de MJ pendant la partie, comment cela peut fonctionner ? Qui écrit le scénario ? Propose l’univers ? Fait avancer l’histoire ? En fait chaque jeu sans meneur propose des réponses différentes à ces questions. Toujours avec une grosse maille, je vais présenter comment ces jeux fonctionnent et comment l’histoire avance.
Les réponses à ces questions sont cadrées par les règles du jeu, et c’est aux joueurs de suivre ses règles, de les interpréter, les adapter si besoin, pour que la partie se lance. Avec les jeux de rôle sans meneur, le choix des directions prises par la fiction est réparti entre les joueurs. La répartition peut être équitable. Ou alors, selon les jeux, certains joueurs peuvent avoir plus de pouvoir sur certains aspects de l’histoire et de l’univers. Le déroulement de la partie va donc venir de l’ensemble des joueurs qui vont à la fois faire avancer la partie et interpréter des personnages.
Tous les jeux de rôle sans meneur ne gèrent pas de la même manière comment la fiction avance. Par exemple :
- certains jeux proposent de faire tourner le rôle de MJ autour de la table. Tous les joueurs vont incarner des personnages, mais pendant la partie ils vont à un certain moment devenir également MJ. On parle de “MJ tournant”.
- certains jeux découpent la partie et l’univers fictif en morceaux : chaque morceau est alors confié à un joueur. Les joueurs incarnent un personnage et auront en plus un rôle de MJ limité.
- certains jeux suppriment l’idée de donner à un seul joueur un pouvoir sur la partie. Ils proposent que l’ensemble des joueurs la gèrent ensemble. N’importe qui à la table peut introduire de nouveaux éléments et expliquer comment cela intervient dans la partie.
Quelques exemples
Le jeu Fiasco découpe la partie en 2 actes et une conclusion. Chaque acte comprend un nombre de scènes fixe dans lesquelles un personnage va être sous les projecteurs, au cœur de l’action. Quand un joueur a un personnage au centre d’une scène, les autres joueurs vont interpréter les autres personnages qu’ils croisent – ça peut être leurs propres personnages. Ils vont avoir le choix entre créer la scène pour le joueur actif ou déterminer si la scène se termine bien pour son personnage ou mal.
Svart av kval, vit av lust est un jeu dans lequel les joueurs jouent des vampires dans des histoires sombres de luttes de pouvoir. La partie débute par la création d’une carte de relations représentant l’ensemble des enjeux et des lignes de tension entre les personnages. Un élément exceptionnel venant de se produire dans leur histoire commune vient de survenir – ce peut être une prophétie sur le point de s’accomplir, un nouveau venu qui renverse l’ordre établi des vampires, etc… La carte des relations est “en tension” et quand la partie commence, les joueurs peuvent voir clairement sur cette carte les situations brûlantes qui vont “exploser”. La partie se déroule alors de la manière suivante : à tour de rôle un joueur choisit une situation qui l’intéresse, un lieu et des personnages et va jouer cette situation. Ce joueur va décrire la situation, poser l’ambiance de la scène et être clair sur ses enjeux. Tous les joueurs participent avec lui, jouent leurs personnages, éventuellement des personnages secondaires. Mais c’est au joueur actif de décider quand il y aura un conflit encadré par les règles et quand couper la scène.
Comment avoir une histoire cohérente ?
La cohérence de l’histoire, c’est ce qui va faire que les joueurs vont s’amuser à faire semblant, qu’ils vont prendre du plaisir à incarner leurs personnages, à faire avancer l’histoire et c’est qui va créer l’ambiance pendant la partie.
Les jeux de rôle sans meneur ont des règles du jeu qui sont spécifiquement prévues pour créer des aventures cohérentes. Souvent ces règles vont donner aux joueurs des possibilités et des choix à faire qui vont modifier directement ou indirectement le développement de la partie- en plus de se concentrer sur l’interprétation de leurs personnages.
Par exemple, au lieu d’avoir un joueur qui choisit où son personnage avance et quel ennemi il cible avec son attaque, les règles peuvent demander au joueur de choisir entre 1/ soit de décider les enjeux du combat ou 2/ s’il réussit à porter son attaque – et les autres joueurs, ensemble, pourront décider de l’autre option. C’est un exemple – il y autant façons de gérer ce type de situation que de règles de jeux de rôle sans meneur.
Les règles encadrent vraiment l’avancée de l’histoire, sans limiter les joueurs : le principe reste identique à tous les jeux de rôle – l’imaginaire et la liberté de choix et d’action sont les principes les plus importants.
Oh, ça ne signifie pas que les joueurs peuvent perdre le fil et qu’un événement vienne perturber la cohérence de l’histoire. Comme dans n’importe quelle partie de jeu de rôle, ce genre d’incident peut arriver.
Mais de mon expérience de joueur comme de meneur de jeu, ce genre de situation se règle en faisant une pause et en discutant ensemble des solutions possibles. Il n’y a pas plus de chance qu’une histoire dérape avec ou sans meneur de jeu.
Sommaire
- Qu’est-ce que le jeu de rôle sans meneur?
- Comment avoir une histoire cohérente?
- Pourquoi jouer sans meneur?
- Est-ce plus compliqué de jouer à un jeu sans meneur?
- Quels sont les jeux avec lesquels commencer?
- Où trouver ces jeux de rôle?
- Quelles sont leurs limites?
Pourquoi jouer sans MJ ?
Le but de chaque jeu de rôle est de s’amuser et de produire une expérience plaisante pour l’ensemble des joueurs. Les jeux de rôle sans meneur ne font pas exception. Le principe reste le même : les joueurs interprètent des personnages vivant une aventure. Je me répète, mais jouer avec meneur ou sans meneur sont des plaisirs complémentaires : on peut aimer l’un, ou l’autre ou les deux.
Cela va dépendre du jeu, de ce qu’il propose de jouer. Chacun est différent, a ses envies, ses préférences. Aussi je vais parler à mon petit niveau de joueur et expliquer pourquoi je joue à ces jeux. L’idée une fois de plus n’est pas de dicter une norme ou de grands principes qui vaudront pour tous. Simplement je vais tacher de répondre à mon niveau à cette question.
Si je joue à des jeux sans meneur, c’est avant tout par ce que j’aime voir les idées de tous les joueurs émerger pendant la partie, s’imbriquer, se compléter : je recherche avant tout à jouer pour être surpris par l’ensemble de la table. La progression de l’histoire vient de l’ensemble des joueurs à la table. J’aime ce niveau très particulier d’écoute et de prise en compte des idées de chacun.
C’est une proposition différente de celle où l’un des participants auraient à lui seul le rôle d’animer la partie. Je veux voir les envies des joueurs et leur imaginaire surgirent et influencer la partie à tout moment. Peut-être vais-je jouer avec des inconnus et découvrir des imaginaires très différents du mien. La dynamique de la partie va m’amener à découvrir leurs propres imaginaires alors que nous allons créer ensemble un univers, des personnages et faire avancer l’histoire ensemble. Je trouve souvent pendant mes parties que les liens créés entre les joueurs pendant la partie sont riches et créés quelque chose de fort.
Sommaire
- Qu’est-ce que le jeu de rôle sans meneur?
- Comment avoir une histoire cohérente?
- Pourquoi jouer sans meneur?
- Est-ce plus compliqué de jouer à un jeu sans meneur?
- Quels sont les jeux avec lesquels commencer?
- Où trouver ces jeux de rôle?
- Quelles sont leurs limites?
Ce que j’aime également c’est vivre d’autres types d’histoires, des fictions abordées avec un angle différent de celui proposé par un jeu où les personnages forment un groupe. Car souvent dans les jeux de rôle sans meneur les règles vont proposer un schéma plus ouvert et libre que celui d’un groupe uni de personnages avançant dans un but commun.
Quelques exemples :
- Cozy Town où l’on joue la vie d’un village paisible qui se développe au fil des saisons et où tous les joueurs vont jouer l’histoire du village avec une vision très large.
- Dream Askew qui propose de vivre la vie d’une communauté queer survivant à l’Apocalypse. Le thème est fort et la manière de jouer une partie se fait sous la forme de scènes déconnectées dans un premier temps les unes des autres, en suivant uniquement la curiosité des joueurs. Une partie ressemble alors à des tranches de vie qui vont progressivement se connecter entre elles naturellement
- Fiasco où l’on joue pour voir des personnages motivés par leur orgueil personnel s’enfoncer dans une spirale de la lose qui finira mal et où chacun va chercher à tirer son épingle du jeu
- Durance propose un univers carcéral dans l’espace, un univers dur, violent, coupé du reste du monde et dans lequel chaque joueur va interpréter deux personnages situés pour l’un du côté de l’ordre et de la loi, pour l’autre du côté des prisonniers. Les tensions entre les personnages sont fortes
- Final Girl reproduit les slashers, les films où un antagoniste va décimer un à un les personnages de l’histoire. Les joueurs n’incarnent pas un personnage fixe et vont à tour de rôle interpréter le tueur qui décimera petit à petit l’ensemble des personnages.
Une autre chose que j’aime énormément, qui n’est pas propre aux jeux sans meneur mais qui est particulièrement présent dans ces jeux : le fait de pouvoir choisir ensemble avec les autres joueurs l’univers du jeu au début de la partie. De nombreux jeux proposent ainsi des règles qui laissent libre le contexte dans lequel va se dérouler la fiction. Les joueurs créent alors l’univers tout en jouant, aussi facilement qu’ils font avancer l’histoire ensemble. Toujours en se reposant sur les règles du jeu pour s’aider.
Enfin dans mon expérience j’ai souvent trouvé l’expérience des parties plus intenses. C’est totalement subjectif, bien entendu. Mais je ne compte plus les parties où j’ai eu ce sentiment d’avoir participé à une histoire riche, complète et très impliquante en termes de role play.
Est-ce plus compliqué de jouer à un jeu sans meneur ?
Sommaire
- Qu’est-ce que le jeu de rôle sans meneur?
- Comment avoir une histoire cohérente?
- Pourquoi jouer sans meneur?
- Est-ce plus compliqué de jouer à un jeu sans meneur?
- Quels sont les jeux avec lesquels commencer?
- Où trouver ces jeux de rôle?
- Quelles sont leurs limites?
Certains jeux sans meneur sont très accessibles aux débutants. Cela peut être contre-intuitif, mais dans les faits c’est le cas. Par exemple, j’ai remarqué que certains jeux permettent de libérer la parole à une table avec des débutants.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser avant d’avoir essayé, il n’y a pas besoin d’avoir une forte capacité à improviser ou d’une grande créativité pour s’amuser. C’est particulièrement visible dans des parties avec des enfants et des adultes débutants. L’absence d’un unique joueur chargé de faire réagir l’histoire permet à chacun d’exprimer ses idées et au final de contribuer à hauteur de ses envies et de ses capacités.
On a le droit d’être timide et de jouer à un jeu de rôle sans meneur. Dans les faits souvent les joueurs s’entraident pendant la partie. L’absence d’un référent unique et le fait qu’ils partagent ensemble la responsabilité de l’histoire et la responsabilité de l’animation de la partie les encouragent à l’entraide et à la coopération.
Comme certains jeux avec meneur, les jeux sans meneur sont le plus souvent sans préparation. C’est également un facteur important pour faciliter leur accessibilité. On peut sortir un jeu sans meneur sur la table et y jouer dans l’instant. Cela offre toute sorte de possibilités : jouer dans des lieux inattendus (dans un bar avec des inconnus, lorsqu’on patiente dans un lieu avec ses enfants) ou même jouer dans une soirée jeux entre deux autres jeux. Ou encore de remplacer le jeu de rôle auquel nous avions prévu de jouer ce soir alors qu’un joueur manque à l’appel.
Quels sont les jeux avec lesquels commencer ?
Voici une sélection de jeux que je conseille pour débuter.
For the Drama
For the Drama est un site qui propose une trentaine de jeux de rôle sans meneur. Il s’agit de jeux présentés sous la forme de cartes qui sont lues à tour de rôle par les joueurs. Ces cartes posent des questions à leurs personnages, et en y répondant les joueurs font avancer l’histoire. Ce sont des jeux qui ont été beaucoup appréciés par des débutants de tout âge.
For the Drama permet d’imprimer ces jeux ou de jouer directement depuis un smartphone ou un navigateur internet : https://www.forthedrama.com
C’est aussi un projet communautaire et les joueurs qui apprécient une partie y sont invités s’ils le désirent à créer leurs propres jeux.
Parmi les jeux proposés, For The Band, Sur le canapé, Un dernier tour de piste et Le Chat a disparu (pour les enfants de 4 à 10 ans) sont très adaptés pour la découverte.
Fiasco
Fiasco propose de jouer des aventures comme dans les films de frère Cohen : on y joue des personnages qui vont aller de mal en pis dans une histoire reposant sur des situations où ils sont motivés par leur orgueil.
L’ambiance de histoires jouées est douce amer. On prend du plaisir pendant la partie à voir les personnages réagir à des situations du quotidien qui ne leurs sont pas favorables.
Ce jeu a été longuement développé, et il existe un nombre important d’univers proposés (plus d’une cinquantaine en français, plus de 300 en anglais).
Fiasco est un jeu édité en France par Edge Entertainment : http://www.edgeent.fr/jeux/collection/fiasco
La chute du réseau Fahrenheit
Les joueurs incarnent dans ce jeu des activistes, les membres d’une cellule hier très active mais aujourd’hui dissoute. Ils se retrouvent poursuivis par les services de l’Etat qui les considèrent comme des malfaisants.
C’est un jeu édité par Studio absinthe et est disponible ici : https://khelren.itch.io/fahrenheit
Dream Askew
Dans un monde frappé par l’Apocalypse, une communauté marginalisée de personnes queer tente de faire face et de construire une utopie. Un jeu qui parle d’amour, de survie et de ce que cela représente d’essayer de faire communauté lorsque tout s’écroule.
Un jeu de Avery Alder, uniquement disponible en anglais : https://buriedwithoutceremony.com/dream-askew
Microscope
Microscope occupe une place à part dans les jeux de rôle. Il propose de créer ensemble une frise temporelle dans un univers créé de toute pièce par les joueurs. La partie va consister à se déplacer sur cette frise pour dessiner les moments importants de l’histoire puis de zoomer pour créer des scènes et interpréter des personnages à des moments clés de l’histoire.
La simplicité et la clarté de ses règles en font un jeu idéal pour découvrir les jeux de rôle. Des joueurs à partir de 12-14 ans peuvent y jouer en toute autonomie.
C’est un jeu édité par Lame Mage, uniquement en anglais malheureusement pour l’instant : http://www.lamemage.com/microscope/
Prosopopée
Prosopopée propose de jouer des histoires très inspirés par les œuvres de Miyazaki. Les joueurs incarnent des êtres surnaturels descendant dans un monde pour résoudre les problèmes entre les humains et la nature.
Le jeu est édité par Frédéric Sintes et est disponible ici : https://www.limbicsystemsjdr.com/boutique/prosopopee/
De mauvais rêves
Dans De mauvais rêves vous jouez un membre d’une tribu nomade maudite par l’esprit Libellule à la demande du grand Renne Boazu.
Avec les autres joueurs vous cherchez à libérer la famille de vos personnages de la malédiction. D’autres y sont arrivés avant vous, c’est une tâche difficile mais pas impossible. Saurez-vous dépasser les rancœurs de chacun et réapprendre à vivre ensemble ?
Le jeu est édité par Julien Pouard et disponible gratuitement ici : https://www.drivethrurpg.com/product/215295/De-Mauvais-Reves
Happy Together
Happy Together propose de jouer des tranches de vie de personnages dans un genre des films “feel good” : dans un mode doux et contemplatif.
Pendant une partie, le jeu met l’accent sur les moments paisibles. Une partie de Happy Together est souvent un moment paisible pour les personnages comme pour les joueurs. Il est parfait pour découvrir une forme de jeu de rôle sans conflit violent.
Le jeu est édité par Gaël Sacré et disponible ici : http://www.maitrebois.com/h-a-p-p-y-t-o-g-e-t-h-e-r/
Cozy Town
Cozy Town propose de jouer à Animal Crossing ou Stardew Valley. On y incarne les habitants paisibles d’un petit village fantastique. Ils traversent ensemble une année au gré des saisons, organisant des fêtes, accueillant des visiteurs et faisant vivre leur communauté.
La version française à prix libre est disponible ici : https://willox.itch.io/cozy-town-vf
Le jeu est édité par Sword Queen Games et est disponible ici en anglais : https://temporalhiccup.itch.io/cozy-town
Perdus sous la pluie
Perdus sous la pluie est un jeu d’horreur insidieuse dans lequel les joueurs incarnent des enfants qui se sont égarés lors d’une averse. L’averse devient un monde étrange peuplé de créatures étranges. La partie s’arrête lorsqu’il ne reste qu’un seul enfant.
Le jeu est édité par Vivien Féasson et disponible sur Amazon.
Zombie Cinema
Zombie Cinema nous fait jouer une attaque de Zombie, comme au cinéma ! Depuis les premiers flash info à la TV annonçant des émeutes, puis les premiers incidents relatant des individus s’en prenant brusquement sans raison à des passants et les mordant ..
Tout va rapidement dégénérer, les personnages devront choisir entre l’entraide et la trahison pour survivre.
Un jeu de Eero Tuovinen traduit en français et disponible ici : https://www.arkenstonepublishing.net/zombiecinema/resources
Où trouver ces jeux de rôle ?
Il existe de nombreux sites internet et boutiques qui proposent des jeux sans meneur.
Quelques boutiques francophones :
- Lapin Marteau https://www.lapinmarteau.com/shop/20-partir-a-l-aventure
- 500 nuances de geek : http://www.500nuancesdegeek.fr
Blogs & sites
- Trop Long;Pas Lu propose un grand nombre jeux sans meneur, tous gratuits et en français
- Sur ce blog où je référence le plus de jeux sans meneur possible
Sommaire
- Qu’est-ce que le jeu de rôle sans meneur?
- Comment avoir une histoire cohérente?
- Pourquoi jouer sans meneur?
- Est-ce plus compliqué de jouer à un jeu sans meneur?
- Quels sont les jeux avec lesquels commencer?
- Où trouver ces jeux de rôle?
- Quelles sont leurs limites?
Pour les anglophones, des boutiques non spécialisées en jeu sans meneur mais qui contiennent de nombreuses références :
- drivethrurpg
- itchio et sa rubrique jeux physiques
Quelles sont leurs limites ?
Les jeux sans meneur ont leurs défauts et leurs limites. Comme tous les jeux, j’aurai envie de dire. Mais je peux tirer quelques généralités de mon expérience et des retours de parties que j’ai pu lire sur internet.
Comme pour chaque jeu, il faut tout d’abord que sa proposition plaise aux joueurs et qu’ils aient envie d’y jouer, de s’investir le temps d’une partie. Les joueurs participent activement à la partie. Ils ne vont plus être uniquement dans des situations où leurs personnages réagissent. Cela signifie aussi que les joueurs doivent oser proposer des idées. C’est au final très simple et les règles du jeu les guident. Simplement l’investissement des joueurs est différent. Peut être parfois plus important, ce qui peut également dans certains jeux fatiguer plus les joueurs.
La part consacrée à l’univers dans les jeux sans meneur peut également être moins développée dans les règles. Les joueurs doivent pouvoir s’approprier l’univers du jeu, le faire vivre et le développer pendant la partie. Mais certains joueurs pourront être déconcertés ou tout simplement préférer des univers déjà existant.
Les aventures jouées, si elles ne sont pas moins profondes et riches, ne contiennent pas de secret pour les joueurs : les secrets s’il y en a sont pour les personnages. Mais cela n’empêche pas les joueurs d’avoir des secrets entre eux.
Enfin comme ces jeux changent le déroulement de la partie, les rôlistes vétérans pourraient au départ avoir plus de mal à trouver leurs marques. Ou ne pas aimer ça. Encore une fois je me répète : on peut aimer jouer avec ou sans meneur, comme on peut aimer les deux.
Sommaire
- Qu’est-ce que le jeu de rôle sans meneur?
- Comment avoir une histoire cohérente?
- Pourquoi jouer sans meneur?
- Est-ce plus compliqué de jouer à un jeu sans meneur?
- Quels sont les jeux avec lesquels commencer?
- Où trouver ces jeux de rôle?
- Quelles sont leurs limites?
Fin de ce premier chapitre
Merci de m’avoir lu. J’espère que ce premier chapitre vous aura permis de mieux comprendre ce que sont les jeux sans meneur – et également ce qu’ils ne sont pas.
Si vous avez envie d’essayer ces jeux de rôle mais que vous n’avez pas de joueurs disponibles, vous pouvez vous rendre sur l’Auberge Virtuelle où ce type de jeux sont proposés régulièrement.
N’hésitez pas à poser vos questions à la suite de cet article dans les commentaires. J’y répondrai avec plaisir !
La suite de cette série dans une semaine avec l’Histoire des jeux de rôle sans meneur où on parcourra 50 ans d’histoire des jeux de rôle. Avec quelques belles surprises !
Les illustrations de cet article sont issues des sites pixabay et pexel.
Voilà une bonne grosse tartine pour démarrer ce sujet passionnant! Un grand merci à toi pour ce boulot. Le jdr sans meneur est pour ma part un puissant outil pédagogique, utile comme tu le mentionnes pour libérer des imaginaires, qui autrement seraient généralement écrasés par un mj tout puissant. D’expérience cependant, je ne peux l’utiliser qu’avec des novices, les rôlistes à l’ancienne étant totalement réfractaires à ce type de format. Mais quand je dis réfractaires, ce n’est pas qu’ils et elles montrent de l’hostilité, au contraire, certain.e.s sont intrigué.e.s, c’est juste que lorsque je leur propose plus de liberté narrative, plus d’implication dans la création du décors ou de l’intrigue, rien ne se passe. Ils et elles restent des râlistes, à me parler de fourberies, qu’ils et elles se doutaient de trahisons, à chaque fois je leur répète que j’attends leurs interventions pour me dire “je connais untel dans la ville voisine, il fait ci ou ça…”, mais non, ils et elles se contentent de subir ma narration, ce qui m’est incompréhensible (mais à une autre échelle, de la même manière que les comportements sociétaux en général).
Bref, le jdr sans meneur, pour moi un outil fantastique qui rapproche le loisir de la forme plus ancienne du conte, ce vers quoi je tends en créant des choses me convenant un peu plus (comme TiPo ou Nocturne, voir ma page dédiée : https://patatedestenebres.com/les-jeux-de-roles/), et comme tu le mentionnes, une expérience différente du jdr plus habituel, toujours aussi plaisant à mes yeux.
Mince alors, c’est vrai que quand je me suis remis au JDR il y a 3 ou 4 ans (après 20 ans d’arrêt) et que j’ai souhaité découvrir les nouveautés j’ai vite vu la force de fate, des PBTA – alors que je suis un dinosaure élevé à Warhammer, et même Rolemaster (mais aussi INS/MV, RDD, Mega, Star Wars D6, Rune Quest etc etc) – je m’y suis rapidement mis et j’ai vu avec quelle facilité on lance quelque chose avec des joueureuses débutant.e.s qui n’ont pas de représentations arrêtées sur ce qu’est le JdR. Beaucoup de plaisir a faire du The Sprawl. J’ai vu aussi quelques limites à faire du PBTA avec de vieux joueurs : les statistiques de réussites de Dungeon World ne leur semblaient pas réalistes (alors que c’est pas le but d’un PBTA). Là récemment j’ai enfin fait du FIASCO et ça a très bien marché (avec des joueureuses à peine initié.e.s à du Dungeon World), mais FIASCO m’avait été conseillé avec moult éloges par un vieux grognard de près de 50 ans avec 35 ans de JdR derrière lui. Et parfois c’est 2 jeunes amies loin d’être de vieilles briscardes qui ont le plus de mal avec les “nouvelles formes de JdR”, bref y’a pas de règle je trouve. De nombreux briscards ne sont pas réfractaires, des newbie se sentent rassuré.e.s par les règles oldschool et lycée de versaille ! En tout cas depuis FIasco j’ai envie de multiplier les expérience de JdR sans MJ en mode One Shot avant de reprendre une campagne à l’occas (eclipse fate)
Et là tu reparles de Svart av kval, vit av lust… vivement que tu nous en fasses une description plus précise, il donne le goût du sang aux lèvres en cette saison de sorties vampiriques (Chapters…).
Bien aimé ma lecture mais un peu rester sur ma fin .Car pour avoir la chance de jouer à Fiasco, je suis resté déçu car trop évident que tel joueur avec une personnalité extravertie allait occuper la scène même si on devais jouer chacun son tour. Je vais voir une critique plus détaillé d’un de ces jeux de rôle sans conteur.
Si tu as eu la chance de raconter une histoire à des enfants , tu as remarquer qu’ils ne sont pas timides pour intervenir avec leur vision de ce que l’histoire devrais être.