Before the Spire Falls (BtSF) est beau. BtSF a des règles que j’adore car elles sont simples et élégantes. BtSF a une proposition de départ épique et des Sorcières queers magnifiques et vulnérables. C’est un jeu merveilleux. Qui veut susciter du merveilleux à la table de jeu.
Et pourtant ce jeu est ma grosse déception de l’année 2019 … car – je – n’y -ai – toujours – pas – joué ! 🙂
Autant te dire que pour ce #3 de mon calendrier de l’avent, je me faire plaisir .
Dans BtSF, nous jouons des Sorcières appelées pour sauver leur monde qui est sur le point d’être dévoré par le Néant. Cette force est impossible à stopper et ne laisse un vide sur les terres qu’elle traverse.
Le Néant se dirige inexorablement vers la Flèche prismatique. Si la Flèche est atteinte, il n’y aura plus rien à sauver.
En quelques mots
Before the Spire Falls est un jeu de rôle créé par Kaylie & Loren Ponder et publié en mars 2019. Prévu pour de 2 à 4 joueurs. Il est indiqué qu’une partie durera minimum 2 heures et ressemblera à “la lecture de quelques chapitres dans un livre”.
Le jeu est disponible ici https://ponder.itch.io/before-the-spire-falls et fut créé dans le cadre d’une des plus belles Jam de 2019 : la March of the Wizards ( qui produisit de vraies pépites – sérieusement – vas y jeter un œil).
Le prix est libre
BtSF est basé sur le canevas belonging outside belonging (définition) établies par Avery Alder et Benjamin Rosenbaum lors de la publication de leurs jeux Dream Askew et Dream Apart.
Les thématiques abordées
BtSF nous place dans la peau de personnages puissants. Des Sorcières qui sont capables de jeter des sorts avec précision, de commander, de montrer aux habitants de leur monde comment survivre au Néant.
Mais ces Sorcières sont également vulnérables. Elles vont devoir combattre une force qui les dépasse. Tout en partageant leurs réflexions intimes, en éprouvant les liens qui les unissent, en blessant par leur attitude ou en remettant en question leurs propres principes.
Le jeu parle de fragilité, de difficultés à s’ouvrir aux autres, à maintenir des liens. De remise en question de soi et de quête d’identité. Mais également d’espoir, d’émerveillement et d’une lutte pour préserver ça.
Le monde est décrit comme vivant, merveilleux et étrange. Plein de merveilles à explorer et de dangers à traverser. Et il porte en lui le remède contre le Néant . Le chemin pour y parvenir ne sera pas simple, mais il sera certainement magnifique.
Ce Néant possède lui même de nombreuses facettes. Selon le choix des joueurs, il dévorera la vie, mais peut-être aussi l’espoir, les couleurs ou les rêves des gens. Je vois le Néant comme une sorte de dépression inexorable qui s’empare du monde et de ses habitants pour enlever le sens à la vie.
Le peuple de cet univers est décrit comme chaleureux, accueillant et basant son mode de vie sur l’entraide. Les gens sont surtout liés les uns aux autres par une magie puissante, chaotique et facétieuse.
Ces thèmes sont à prendre ou à laisser tellement ils sont chevillés aux règles et à la façon dont les joueurs vont pouvoir interagir avec la fiction. Mais le jeu propose également de nombreuses listes de choix à effectuer afin que les joueurs puissent créer leur propre version des personnages et de l’univers.
Les personnages
BtSF propose 6 personnages très différents et qui me donnent tous furieusement envie de jouer avec. Chaque proposition me semble vraiment tranchée par rapport aux autres. Avec des options de jeux et des manières d’interagir avec l’histoire très différentes.
Le Chariot
Se bat pour ses croyances et est toujours prêt.e à combattre l’injustice. Défend ceux qu’iel aime avec acharnement.
Sa magie provient de sa volonté et de son désir de protéger autrui.
La Reine des bâtons
A survécu à l’épreuve du feu ; désormais, sait qui iel est et sait ce qu’iel veut. A ses yeux, rien ne vaut l’expression de soi, l’indépendance, la détermination et le courage.
Sa magie provient de ta personnalité affirmée.
Le Soleil
Est comme le soleil qui paraît après l’orage : sa sincérité est synonyme de confort et de joie pour sa communauté. Rayonne, et son éclat illumine tous ceux qui l’entourent.
Sa magie provient du soutien qu’iel apporte aux autres.
Les Amoureux
Seul, iels étaient forts, étaient heureux, étaient aimés. Mais iels savaient qu’une fois réunis, iels seraient capables de créer des choses plus extraordinaires encore. Alors iels ont fusionné. Sont fondus l’un.e dans l’autre pour créer un pouvoir d’un nouveau genre. Leur magie provient de ce lien. Si ce lien devait être rompu, leur magie disparaîtrait peu à peu. Pour eux, les relations humaines, la communauté, l’harmonie et le pouvoir de choisir importent par dessus tout.
L’Etoile
Respire la lumière et l’espoir, même par une nuit sans lune. Apporte réconfort et guérison à tous ceux qui l’entourent. Pour iel, la guérison, l’espoir et le renouveau importent plus que tout. Sa magie provient de son désir de guérir le monde.
La Mort
Les transitions ne sont pas toujours faciles, mais elles sont souvent nécessaires. Sa magie provient de la régénération. C’est l’alliance du neuf et de l’ancien qui permet de créer ce dont iel a besoin.
C’est ainsi qu’iel s’est trouvé.e ; par un changement qui a fait d’iel la personne qu’iel est.
Chaque joueur va pouvoir choisir parmi ces 6 personnages (chaque groupe ne pouvant posséder q’un Soleil, une Etoile, etc.. )
Comment joue-t’on ?
Désolé, je vais me la jouer petit bras sur ce coup là : les règles de BtSF sont très proches de celles de Dream Askew, je vais donc te renvoyer vers cet article dans lequel je les présente point par point.
En très résumé : le jeu se passe du rôle de meneur à la table. Il se joue selon une mécanique de gain et de dépense de jetons selon les actions entreprises par les personnages.
L’univers de jeu est interprété par l’ensemble des joueurs sous la forme de “Cadres” qui représentent les facettes importantes de l’univers du jeu : le Néant, le Chemin (celui que parcourt les personnages), la Magie et le Peuple. Chaque cadre ayant des options et des prérogatives.
Pour qui est ce jeu ?
Il est fait pour moi !! Pour mouaaa ! Il faut que j’y joue !! 😀
Bon. Pouf pouf.
J’ai assez peu de recul sur Before the Spire Falls, faute d’avoir pu en parler avec d’autres rôlistes y ayant joué. Aussi je vais surtout formuler des généralités propres aux jeux inspirés du canvas Belonging Outisde Belonging.
Ce jeu a de fortes chances d’être pour toi si :
- les thématiques que je propose comme “centrales” suite à ma lecture du jeu te parlent et t’inspirent
- tu aimes écouter et rebondir sur les idées des autres, tout en n’ayant pas peur parfois de prendre les rennes de l’histoire pour créer par toi même (en gros : l’improvisation)
- tu aimes les interactions fortes entre les personnages des joueurs
- tu trouves intéressant l’idée de construire un monde et de le faire vivre ensemble à la table de jeu
- tu apprécies de jouer sur 1 séance à un jeu, sans forcément chercher à terminer une histoire ( ce que signifie pour moi la note des auteurs : “une partie ressemble à la lecture de quelques chapitres dans un livre”)
- jouer en mode “vignettes” n’est pas un problème pour toi – c’est à dire découper la partie en scènes où tous les personnages ne seront pas toujours réunis ensemble
Enfin je dirai qu’il est important qu’un joueur ou joueuse se sentent suffisamment à l’aise avec les règles du jeu afin de pouvoir aider les autres. Ce qui implique forcément que la première (voir la seconde) partie de BtSF essuiera les plâtres. Le temps pour toi de te faire au style bien particulier de ce jeu.
Quelques mots sur la version française du jeu
Actuellement Before The Spire Falls n’est disponible qu’en anglais. Mais dès la lecture du jeu, j’avais pris contact avec Kaylie et Loren Ponder qui ont accueillis très positivement l’idée d’une version française diffusée librement.
Le projet est toujours en stand-bye mais est désormais bien avancé. Aussi si ma présentation du jeu t’a plu, n’hésites pas à prendre contact avec moi pour rejoindre la petite équipe qui s’est réunie autour de cette traduction.
Qu’est-ce que le canevas Belonging Outside Belonging ?
Avery Alder décrit ce canevas de jeu comme les points en commun entre Dream Apart et Dream Askew. C’est à dire qu’un jeu inspiré par ce canevas :
- parle de groupes marginalisés qui créent une communauté indépendante, en dehors de la culture dominante
- cette communauté porte en elle un espoir précaire et vulnérable
- pour 3 à 6 joueurs, chacun ayant un personnage unique identifié par un livret
- définie son univers de jeu par des thèmes dont la responsabilité est partagée par les joueurs
- utilise une fiche dite “de communauté” pour décrire et dessinée la communauté
Bien entendu ces éléments ne sont pas binaires ni là pour rejeter un jeu du “label” BOB ( oui je viens de m’apercevoir que ça fait BOB, et je l’aime encore plus ! ). Il n’y a pas de “label”, simplement un concept appelant à l’explorer et à le tordre pour créer de nouvelles variations et de nouveaux jeux. Aussi ces points cités plus haut doivent plus être pris comme des propositions pouvant être présentes à différents degrés.